QUATRE FIGURES EMBLÉMATIQUES

L'INTERVENTION D'HÉLENE BOUISSON, ARCHITECTE AU CAUE78

Dans le cadre du Mardis de l’Institut Paris Région sur les paysages de la vallée de la Seine, animé par Laurent Perrin, Hélène Bouisson, architecte au CAUE 78, coordinatrice de l’OPP.VS.F et de Suivant le fleuve, montre en quoi les photos d’Ambroise Tézenas et de Jérémie Léon sont les porte-paroles de nos relations contrastées au fleuve et sa vallée.

 

Parmi les cent onze photos du récit-itinéraire de l’observatoire photographique des paysages de la vallée de la Seine francilien, réalisé par les photographes Ambroise Tézenas et Jérémie Léon, quatre images permettent d’illustrer les dimensions plurielles d’une vallée économique, habitée et résiliente caractérisée par quatre grandes figures : les mégamachines, les écosystèmes, les monuments et les terres.

Le port de Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine, © Ambroise Tézenas et Jérémie Léon

Février 2021 - Le port de Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine
Une mégamachine


Cette vue du port de Gennevilliers est prise, entre chien et loup, à l’heure où les activités deviennent lisibles dans le paysage suite à l’allumage de l’éclairage nocturne. Le plan d’eau de la darse n°2 du Port de Gennevilliers accueille, à gauche en premier plan, les Silos des Grands moulins de Paris et laisse apparaître à droite dans le lointain la myriade des points lumineux des habitations, surplombée par les ondulations sombres des buttes des Châtaigniers et d’Orgemont. Les photographes dans leur cadrage, situent leur sujet dans la grande géographie de la vallée de la Seine, en lien avec les reliefs de la rive opposée et au voisinage d’autres usages du fleuve. Le port de Gennevilliers, premier port et première plateforme multimodale d’Île-de-France, est une mégamachine horizontale quasi invisible. La dynamique économique, portuaire, industrielle et logistique du fleuve, n’est pas toujours perceptible. Elle se devine par le va-et-vient des péniches, des camions, des matières, et partage son territoire avec d’autres. 

 

La réserve naturelle régionale de la boucle de Moisson dans les Yvelines, @Ambroise Tézenas et Jérémie Léon

Février 2022 - La réserve naturelle régionale de la boucle de Moisson dans les Yvelines
Un héritage industriel


Ce vaste espace ouvert, dénommé la Grande Ballonnière, appartient à la réserve naturelle régionale de la boucle de Moisson gérée par l’agence des espaces verts (AEV) de la région Île-de-France. Il est bordé et contenu par les coteaux boisés de la rive opposée qui suivent la courbe du méandre. Au centre de la composition, le point blanc qui émerge en ligne de mire, est le donjon du château de La Roche-Guyon, situé sur l’extrados du méandre. La mission de l’agence est de conserver l’équilibre de l’écosystème en maintenant l’espace ouvert et les espèces végétales et animales qui l’habitent. Cet équilibre, sous haute surveillance, résulte d’une longue métamorphose d’occupations successives : un cœur de boucle forestier, la construction des ballons dirigeables, le Jamborée mondial de 1947, l’exploitation des sabliers et enfin la restitution à la nature et la création de la réserve. Nature et industrie coexistent dans la réserve naturelle régionale de la boucle de Moisson de telle sorte que si l’on veut comprendre l’une il est nécessaire de s’intéresser à l’autre.

 

La Réserve naturelle nationale des coteaux de la Seine dans le Val-d’Oise, @Ambroise Tézenas et Jérémie Léon

Mars 2021 - La Réserve naturelle nationale des coteaux de la Seine dans le Val-d’Oise
Un monument naturel et architectural


Les pinacles ou éperons rocheux de la rive externe et pentue de la boucle de Moisson forment un ensemble monumental avec le donjon du château de La Roche-Guyon, que nous avons pu apercevoir dans la photo précédente. Ce motif paysager est récurrent en vallée de Seine. On le retrouve dans d’autres boucles, aux Andelys par exemple avec le Château-Gaillard. Il a fortement influencé les peintres impressionnistes et au musée des Beaux-Arts de Rouen, un petit tableau de Monnet, Les Coteaux près de Vétheuil,  dans la collection impressionniste a quasiment le même cadrage. La courbe du méandre imprime la structure géomorphologique du territoire. Les brumes matinales forment un cordon atmosphérique en pied de coteau.

Face externe abrupte en coteau et face interne en plaine sont un marqueur géomorphologique de la vallée et d’une face à l’autre on change de dynamique et de monde. Ainsi d’un département à l’autre, d’une boucle à l’autre, et d’une rive à l’autre, les mégamachines, les écosystèmes, les monuments et les terres  dialoguent, se superposent et coexistent, de telle sorte qu’il est parfois bien difficile de les « démêler » l’une de l’autre. 

 

@Ambroise Tézenas et Jérémie Léon, centrale thermique de Porcheville pour oppvs-f

Juillet 2020 – Centrale thermique de Porcheville dans les Yvelines
Une nouvelle alliance à instaurer


A l’arrière de la centrale aujourd’hui fermée, nous pouvons observer un jeu et une inversion de proportion entre l’échelle industrielle monumentale des cheminées et le vol des oiseaux de passage. Par je jeu du cadrage, les oies sauvages sont plus grandes que les cheminées. Nous pourrions même imaginer un envol des cheminées de Porcheville amenées à disparaitre ou amenées ailleurs, vers un nouvel horizon où les ordres de grandeur et les ordres des valeurs, à l’heure de l’écologie, pourraient être modifiés. Cette photo nous plonge dans une atmosphère où tout est relié : l’air, la lumière, les oiseaux, les vestiges industriels (rails et cheminées), les coteaux boisés, et les pylônes en ligne de crête dans le lointain. Elle instaure une nouvelle alliance à inventer, à construire et à célébrer.


Photographies de Jérémie Léon et Ambroise Tézenas dans le cadre de l'OPP.VS.F

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INFORMATIONS

Ecoutez le podcast des Mardis de l'Institut Paris Région sur Les paysages de la vallée de la Seine

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